jueves, 24 de octubre de 2013

Cercle linguistique de Prague

Le cercle linguistique de Prague ou « école de Prague » (en tchèque Pražský lingvistický kroužek) a été un groupe de critique littéraire et de linguistique influent du xxe siècle. Ses membres ont développé des méthodes de critique littéraire sémiotique de 1928 à 1939 qui ont eu une influence significative et durable en linguistique et sémiotique.
Le cercle de Prague se compose d'émigrés russes comme Roman Jakobson, Nicolaï Troubetzkoy, et Sergeï Karcevski, tout comme les célèbres érudits tchèques René Wellek et Jan Mukařovský. Le créateur du cercle et son premier président est l'éminent linguiste tchèque Vilém Mathesius (président du PLC jusqu'à sa mort en 1945). Roman Jakobson fut vice-président.
L'œuvre du groupe avant la Seconde Guerre mondiale a été publiée dans Travaux du cercle linguistique de Prague qui représente les contributions les plus significatives au congrès mondial des slavisants. C'est dans ces Travaux, écrits en français, qu'apparaît pour la première fois le terme structure, dans son sens linguistique. La première livraison de ce manifeste eut lieu en 1929, date à laquelle le cercle se fait connaître, à l'occasion du premier congrès international des salvistes. Ce sera le premier manifeste du structuralisme.
Le concept de fonction dans le langage est la notion clef des travaux du cercle pragois. C'est, dans la grande diversité des travaux pragois, le seul point commun qui permet une cohésion du cercle. Cependant, il ne faudrait pas, comme c'est très répandu, assimiler le cercle linguistique de Prague à l'invention de la phonologie. D'ailleurs, le terme fonction a, dans les travaux du cercle, deux sens bien différents, qui ont été repris et validés par la suite :
le langage a une fonction, c'est-à-dire qu'il sert à quelque chose : le schéma de la communication de Jakobson en sera, plus tard, une formalisation célèbre ;
une langue est composée d'éléments qui ont ou non une fonction : les phonèmes servent à distinguer des paires minimales, ce qui fonde la phonologie, alors que les phones sont des éléments non discriminants, ce qui fonde la phonétique. Le fonctionnalisme de Martinet reprendra cette distinction.
Le cercle de Prague n'aurait cependant eu aucun mérite à redécouvrir le poncif multimillénaire de l'utilité du langage : ce concept est déjà présent chez Platon, et repris par les grammaires du Moyen Âge. L'originalité du cercle pragois est d'avoir articulé cette notion de fonction avec l'appréhension de la langue en tant que système.

viernes, 18 de octubre de 2013

Fondateurs du structuralisme en linguistique

Précurseurs:

Ferdinand de Saussure
 
Jan Niecisław Baudouin de Courtenay

 

Le Cèrcle de Prague (inventeurs du mot):

  • Roman Jakobson

    • Sergueï Kartsevski
      Nicolaï Troubetskoï
      Vilem Mathesius

      Bohuslav Havranek
      En Semiotique:

    Louis Hjelmslev

jueves, 17 de octubre de 2013



Saussure et le Structuralisme

1. Objet de la linguistique

La première démarche de Saussure consiste à délimiter l'objet "intégral et concret" de la 
linguistique. Une démarche difficile car, dit-il, "le phénomène linguistique présente 
perpétuellement deux faces qui se correspondent et dont l'une ne vaut que par l'autre." 
"Le langage a un côté individuel et un côté social, et l'on ne peut concevoir l'un sans l'autre. 
En outre, à chaque instant il implique à la fois un système établi et une évolution; à chaque 
moment il est une institution actuelle et un produit du passé. Il semble à première vue très 
simple de distinguer entre ce système et son histoire, entre ce qu'il est et ce qu'il a été (…) De 
quelque côté que que l'on aborde la question, nulle part l'objet intégral de la linguistique ne 
s'offre à nous; partout nous rencontrons ce dilemme; ou bien nous nous attaquons à un seul 
côté de chaque problème, et nous risquons de ne pas percevoir les dualités signalées plus haut; 
ou bien, si nous étudions le langage par plusieurs côté à la fois, l'objet de la linguistique nous 
apparaît un amas confus de choses hétéroclites sans lien entre elles. (…) Il n'y a, selon nous, 
qu'une solution à toutes ces difficultés: il faut se placer de prime abord sur le terrain de la 
langue et la prendre pour norme de toutes les autres manifestations du langage. En effet, 
parmi tant de dualités, la langue seule paraît susceptible d'une définition autonome et fournit 
un point d'appui satisfaisant pour l'esprit."
Pour Saussure, la langue ne se confond pas avec le langage. La langue est "à la fois un produit 
social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le 
corps social pour permettre l'exercice de cette faculté chez les individus. Pris dans son tout, le 
langage est multiforme et hétéroclite; à cheval sur plusieurs domaines, à la fois physique, 
physiologique et psychique, il appartient encore au domaine individuel et au domaine social; 
il ne se laisse classer dans aucune catégorie des faits humains, parce qu'on ne sait comment 
dégager son unité.
La langue, au contraire, est un tout en soi et un principe de classification. Dès que nous lui
donnons la première place parmi les faits de langage, nous introduisons un ordre naturel dans 
un ensemble qui ne se prête à aucune autre classification. (…) Pour attribuer à la langue la 
première place dans l'étude du langage, on peut enfin faire valoir cet argument, que la faculté 
– naturelle ou non – d'articuler des paroles ne s'exerce qu'à l'aide de l'instrument créé et fourni 
par la collectivité; il n'est donc pas chimérique de dire que c'est la langue qui fait l'unité du 
langage"
(F. de Saussure, Cours de Linguistique Générale (CLG): 23-27)

2. La langue comme système de signes

"La langue est un système de signes exprimant des idées, et par là comparable à l'écriture, à 
l'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux 
militaires, etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes.
On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale; (…) 
nous la nommerons sémiologie (du grec semeîon, “signe”) (…) la tâche du linguiste est de 
définir ce qui fait de la langue un système spécial dans l'ensemble des faits sémiologiques." 
(CLG: 34)

3. Linguistique de la langue et linguistique de la parole

”L'étude du langage comporte deux parties: l'une, essentielle, a pour objet la langue, qui est 
sociale dans son essence et indépendante de l'individu; (…) l'autre, secondaire, a pour objet la 
partie individuelle du langage, c'est-à-dire la parole y compris la phonation. 
Sans doute, ces deux objets sont étroitement liés et se supposent l'un l'autre: la langue est 
nécessaire pour que la parole soit intelligible et produise tous ses effets; mais celle-ci [la 
parole] est nécessaire pour que la langue s'établisse (…) c'est la parole qui fait évoluer la 
langue. (…) Il y a donc interdépendance de la langue et de la parole; celle-là [la langue] est à 
la fois l'instrument et le produit de celle-ci.
La langue existe dans la collectivité sous la forme d'empreintes déposées dans chaque 
cerveau, à peu près comme un dictionnaire dont tous les exemplaires, identiques, seraient 
répartis entre les individus. (…) Ce mode d'existence de la langue peut être représenté par la 
formule:
1+1+1+1+… = I (modèle collectif)
De quelle manière la parole est-elle présente dans cette même collectivité? Elle est la somme 
de ce que les gens disent, et elle comprend: a) des combinai-sons individuelles, dépendant de 
la volonté de ceux qui parlent, b) des actes de phonation également volontaires, nécessaires 
pour l'exécution de ces combinaisons. (…) Dans la parole (…) il n'y a rien de collectif, rien de 
plus que la somme des cas particu-liers selon la formule:
(1+1'+1''+1'''…)
Pour toutes ces raisons, il serait chimérique de réunir sous un même point de vue la langue et 
la parole. Le tout global du langage est inconnaissable, parce qu'il n'est pas homogène, tandis 
que la distinction et la subordination proposées éclairent tout” (CLG: 37-39)
"Nous avons distingué, au sein du phénomène total que représentae le langage, deux facteurs: 
la langue et la parole. La langue est pour nous le langage moins la parole. Elle est l'ensemble 
des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire 
comprendre"

4. Éléments internes et externes de la langue

Saussure écarte du système de la langue tout ce qu'il appelle être le propre de la ”linguistique 
externe”, notamment ”tous les points par lesquels la linguistique touche à l'ethnologie, toutes 
les relations qui peuvent exister entre l'histoire d'une langue et celle d'une race ou d'une 
civilisation. Ces deux histoires se mêlent et entretiennent des rapports réciproques”. De même 
pour les relations entre la langue et l'histoire politique: ”La colonisation, qui n'est qu'une 
forme de la conquête, transporte un idiome dans des milieux différents, ce qui entraîne des 
changements dans cet idiome”; ou pour les relations avec les ”institutions de toutes sortes, 
l'Église, l'école, etc.” et, enfin, ”tout ce qui se rapporte à l'extension géographique des langues 
et au fractionnement dialectal”
”La linguistique externe peut accumuler détail sur détail sans se sentir serrer dans l'étau d'un 
système. (…) Pour la linguistique interne il en va tout autrement: elle n'admet pas une 
disposition quelconque; la langue est un système qui ne connaît que son ordre propre. Une 
comparaison avec le jeu d'échecs le fera mieux sentir. Là, il est relativement facile de 
distinguer ce qui est externe de ce qui est interne: le fait qu'il a passé de Perse en Europe est 
d'ordre externe; interne, au contraire, tout ce qui concerne le système et les règles (…) ” 
et de conclure ”est interne tout ce qui change le système à un degré quelconque”. (CLG: ch. 5)